Saint-Léger-aux-Bois – Le Mesnil Allard – Site Nr 673

Sur la petite route qui relie le village de Saint-Léger-aux-Bois à Foucarmont se trouve le hameau du Mesnil Allard. Le village se caractérise par sa position géographique très favorable à l’implantation de bases de lancement de V1. Situés à 210 mètres d’altitude et surplombant la vallée de l’Yères au Nord et à l’Ouest, Saint-Léger-aux-Bois et ses alentours occupent en effet une position dominante sur le territoire. Dès le XVIème siècle, le comte de Mailly s’était implanté sur ces terres pour profiter de cet emplacement privilégié. Toujours visible de nos jours, une imposante tour Renaissance avait été érigée pour profiter de cette situation dominante sur le reste du fief.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands repèrent la situation idéale de ce vaste plateau entre Normandie et Picardie. Alors que l’implantation des premiers sites V1 s’apprête à débuter, la ferme de Camille Leroy au Mesnil Allard est réquisitionnée : un site V1 va y être déployé. Outre son positionnement géographique, cette exploitation agricole présente également l’avantage de se trouver au cœur d’un verger, les nombreux pommiers disséminés sur les parcelles lui assurent un relatif camouflage naturel rendant plus difficile son repérage depuis le ciel.
À partir de septembre 1943, le chantier débute. Plusieurs centaines d’ouvriers de diverses nationalités participent à la mise en œuvre du site : des Hollandais, des Belges, des Italiens, des Algériens et de nombreux Français. Tous sont réquisitionnés et logent dans les salles des fêtes des alentours : à Saint-Léger-aux-Bois, Rétonval, Richemont ou Fallencourt. La main d’œuvre est nombreuse mais elle ne suffit pas. Les maires des communes à proximité sont sollicités par l’occupant, davantage d’hommes doivent participer à l’effort de construction : un homme pour cent habitants. Dans certains villages un système de tirage au sort est mis en place pour désigner les hommes qui iront compléter les effectifs des requis. Pendant les travaux, les volontaires hollandais du Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps (les NSKK) sont chargés des livraisons quotidiennes en sable et en ciment.
En attendant la mise en service du poste de relevage d’eau raccordé sur le réseau d’eau potable de Foucarmont, pour assurer l’approvisionnement indispensable pour la conduite du chantier, des chevaux des fermes avoisinantes sont réquisitionnés par les forces allemandes. Quatre bétonneuses tournent en permanence pendant le chantier.
À la mi-décembre, le gros œuvre est achevé mais une semaine avant Noël l’aviation britannique lance un raid sur le hameau : la maison de la ferme est rasée, le site est neutralisé.