Saint-Léger-aux-Bois – Les Sapins (vieille-verrerie) – Site Nr 181

Le site V1 des Sapins se situe à quelques centaines de mètres de l’intersection de la Départementale 260, qui relie Richemont à Campneuseville, et de la Départementale 26, qui fait la jonction entre Saint-Léger-aux-Bois et Saint-Martin-au-Bosc. Installée à la limite de la forêt du Grand Marché, cette base V1 accueille directement son personnel en son sein, les hommes sont logés dans des baraquements en bois disposés sur place. De précieux témoignages, notamment ceux de Monsieur et Madame Humel, nous permettent de mieux saisir les conséquences de l’implantation de cette base pour la population environnante.

La construction du site est achevée entre avril et mai 1944. Les V1 tirés depuis ce site arrivent à la gare de Vieux-Rouen-sur-Bresle. Acheminés depuis la gare par camions, ils sont stockés à l’entrée de Saint-Martin-au-Bosc à l’abri des arbres. La mise en œuvre d’un V1 demande d’importantes quantités d’eau : quotidiennement les agriculteurs des hameaux voisins sont réquisitionnés pour assurer des livraisons jusqu’à l’entrée de la forêt. Un soldat vient récupérer la cargaison avant de restituer le cheval et la charrette à son propriétaire resté à l’entrée, aucun civil n’étant autorisé à entrer sur le site.
La vingtaine de soldats allemands qui fait fonctionner la base de lancement travaille essentiellement en soirée et la nuit. Bien que situés à quelques centaines de mètres seulement, les habitants des hameaux voisins n’ont jamais pu voir le départ d’une bombe volante.

Le site des Sapins est relativement bien camouflé du fait de sa situation, positionné à l’abris des arbres dans la forêt du Grand Marché, les Allemands s’y sentent en sécurité. Le matin du 8 juillet 1944 alors que le personnel est encore dans les baraquements, un groupe de bombardiers survole une première fois la zone. Monsieur Humel assiste à la scène. Quelques minutes plus tard, l’escadrille repasse de nouveau et largue plusieurs bombes sur le site de lancement.
Surpris dans leur sommeil les hommes périssent sur le coup. Les pertes sont considérables, la scène est terrible. Très vite les ambulances des forces allemandes arrivent, les blessés et les corps sont évacués vers Saint-Léger-aux-Bois et Réalcamp. Les soldats Bosen, Classen, Hoffmeister, Humming et Mischo sont tués. Ils reposent désormais au cimetière de Bourdon dans la Somme.
Quelques jours plus tard, dans la plus grande discrétion, les Allemands reviennent sur le site désormais neutralisé pour démonter la catapulte. Des restes du générateur de vapeur, le dampferzeuger, et de V1 seront retrouvés lors des travaux de dégagement du site en mars 2018.